Par Damien Conaré
Andre Benjamin (Drej) et Antwan Patton (Big Boy), les deux rappeurs « hors normes » d’Outkast n’ont pas manqué le rendez-vous du second album souvent fatal pour qui a eu un début de carrière sur des chapeaux de roue. Bien au contraire.
Atliens fait sans contexte partie des albums les plus novateurs de l’année, confirmant du coup la position de plus en plus prépondérante d’Atlanta dans la géographie du rap américain.
Atlanta mais aussi et surtout Organised Noise, le trio de producteurs à la marque de fabrique géniale et originale dont ont aussi profité Goodie Mob, Society Of Soul. Bruitages inédits, arrangements de chœurs féminins subtilement travaillés, usage massif d’instruments live placés très en avant au mixage. Organised Noise ne laisse rien au hasard. Les merveilles de réussite que sont « Elevators » (« Me & You », « wheeh Of Steel » ou encore « Babylon » en sont la preuve flagrante. Outkast anticipe les évolutions futures et se place résolument en position de leader sur une voie que ne manqueront pas d’emprunter les « suiveurs » en mal d’inspiration.
En réalisant notre premier album, on ne s’attendait vraiment pas à vendre autant. Par contre, on savait que les sujets abordés dans nos textes étaient susceptibles de toucher pas mal de monde. Ce succès immédiat nous a appris que la musique est un média très important, qu’elle peut influencer les gens. En ce sens, on a mesuré la responsabilité qui était la nôtre en tant qu’artistes. On l’assume, on a conscience du fait de servir de modèle pour de nombreux jeunes. C’est un rôle que l’on ne Joue pas volontairement mais ça fait partie du méfier. A partir du moment où tu es un personnage public (…)
L’expérience du premier album nous a permis de ne pas renouveler un certain nombre d’erreurs commises. On a appris que le temps passé dans un studio, c’est de l’argent. Plus question de glander, cette fois-ci, on y est entré en sachant précisément ce qu’on avait à faire. On a donc gagné en efficacité.
« Ce succès immédiat nous a appris que la musique est un média très important, qu’elle peut influencer les gens. En ce sens, on a mesuré la responsabilité qui était la nôtre en tant qu’artistes. »
La rencontre avec les producteurs d’Organised Noise s’est faite tout naturellement…… won traînait dans les mêmes coins d’Atlanta. Un pote commun a servi de relais. Depuis, on passe beaucoup de temps ensemble. Ça fonctionne à 50/50 : on peut passer une Journée à rapper avec eux et ça les inspire pour produire des morceaux et vice-versa. On forme un peu une grande famille avec les autres groupes de leur écurie. On projette de faire un album commun en 1997 ( )
« Tout notre travail consiste à apporter quelque chose de nouveau. Pas question d’utiliser les mêmes musiques recensées partout ailleurs. Sur cet album, on n’a utilisé aucun sample. En l’enregistrant, on était dons un état d’esprit particulier. On avait réellement conscience de faire quelque chose de nouveau ; on ne s’était fixé aucune limite, tout était jouable. Tout comme nos influences diverses : Eric B & Rakim, A Tribe Called Quest, Sade, Bob Marley, Anita Baker, etc. On tente du mieux que l’on peut de pousser notre inspiration dans d’autres directions. C’est là tout le concept d’ Atliens : être original, différent du reste. Ne pas passer son temps à critiquer ce que font les autres, mais plutôt se concentrer sur son travail, chercher sa propre voie. Le prochain LP n’aura peut-être plus rien à voir avec celui-ci … »
Souhaitons- le, ce serait en tout cas la confirmation définitive que l’on tient en Outkast un groupe rare, en quête perpétuelle de la marque d’exception. Un groupe à suivre de très près …
Outkast, Atliens LP (La Face Records/Arista/BMG)