Propos recueillis par Steve Axentios
BB King a traîné ses valises pendant plusieurs décennies, dans tous les coins du globe. Ils nous a quittés le 14 mai 2015 à Las Vegas, à l’âge de 89 ans. Nous laissant une collection impressionnante d’albums couronnée de quinze Grammy Awards depuis 1971. C’est au cours d’une escale en Suisse que nous avions rencontré cette légende du blues.
Sur scène où dans la vie, BB King a I’assurance d’un empereur. Le pas est élégant, le verbe est précis, le ton est courtois. Son altesse jouit d’un grand respect au sein de son entourage et de ses musiciens. Ces derniers s’inclinent d’ailleurs devant lui, après chacun de leurs solos ! Même s’il sait qu’au royaume du blues, il est le roi, ce formidable showman ne se contente pas de vivre sur sa réputation. Telle une centrifugeuse, il n’arrête pas de sillonner les continents. Même s’il n’atteint plus son record de 342 shows (!!!), établi en 1956, il parvient néanmoins à couvrir en moyenne 260 concerts par an. Excusez du peu !
Ce chiffre est d’autant plus extraordinaire que BB King avoue 67 cordes ! Le secret de cette fraîcheur ? II n’en a pas. « Si je parviens à faire autant de shows, c‘ est parce que j‘adore jouer et voyager, nous explique-t-il , juste avant d’entrer en scène.
J‘essaie aussi de me reposer suffisamment, entre les escales. Je ne me drogue pas, je ne fais pas d‘excès, mais a part ça, je ne fais rien de spécial. »
260 concerts par an, multiplies par plus de quatre décennies de carrière, Ça fait un sacré paquet !
« Le secret de ma fraîcheur ? Je ne me drogue pas, je ne fais pas d’excès, mais a part ça, je ne fais rien de spécial. »
Et pourtant, comme dirait Galilée, « II toume l ». Sans jamais s’avouer vaincu ni par la routine, ni par la monotonie. « Je m‘ amuse à tous mes concerts », certifie-t-il, « car chacun d‘entre eux, bien que semblable dans la forme, est différent. Bien sûr, comme dans tout travail, certaines parties sont de la routine. Mais je ne m’en lasse jamais. J‘ai plus de 300 singles et 71 albums derrière moi (le dernier en date est : There’s Always One More Time. NDLR) : si je ne prenais pas mon pied, je ne serais plus ici, ». Pour I’anecdote, sachez que le maestro, malgré son formidable tableau de chasse, se sent toujours un peu nerveux avant un concert.
Toutefois; la limousine de BB King passera bientôt à la vitesse inférieure, son chauffeur est fatigué. Depuis près d’un demi siècle, il a élu domicile « on the road », c’est-a-dire partout et nulle part.
“Certes je me sens plus esseulé en tournée que chez moi »; glisse-t-il,« mais j‘en ai pris l‘habitude. De toute façon, je suis sûr qu’en restant plus longtemps à la maison, les tournées finiront par me manquer et que je m’ennuierai. »
Sur route ou au parking, BB King restera le bluesman le plus connu de la planète. Mais n’aimerait-il pas I’être encore un peu plus, notamment auprès des jeunes des ghettos, qui preéfèrent se farcir leur rap quotidien ? « Pas du tout« , rétorque-t-il, « C’est leur vie, c‘est leur histoire. Ils ont le droit d‘aimer ce qu’ils veulent, comme moi à l’époque. Bien entendu, j’aimerais qu‘ ils s‘intéressent également aux bluesmen, mais le plus important, c‘est qu‘ils soient eux-mêmes: »
Gourou de nombreux guitaristes (Clapton, Beck, Stevie Ray Vaughan. et certainement de 90°/° de ceux qui vous viennent à I’esprit), BB King estime qu’il peut encore progresser. « Mais pour cela, murmure-t-il, il faudrait que je m‘ exerce davantage que les 15 ou 20 minutes quotidiennes. Je dois avouer que je suis un peu flemmard ! »
Ça peut se comprendre !